Le recueil de Jenifer Tidwell « Designing Interfaces » marque un tournant majeur dans l’histoire de la conception d’interfaces centrée utilisateur. En effet, ce dernier fut un pas en avant décisif au tournant des années 2000, dans l’évolution des applications grand public. Entre temps, les métiers du Design se sont spécialisés. Les acteurs B2C du Digital en ont tiré profit quand les acteurs B2B ont encore des marges de progression importantes. Plus précisément, dans le domaine de la supervision, le design d’IHM est encore trop peu mis en œuvre. Pour autant c’est un atout à ne pas négliger.
Avez-vous déjà entendu ou prononcé la phrase « Tu peux me faire ça mais en plus beau » ? Certes c’est possible de travailler uniquement sur la couleur des rendus (User Interface – UI) mais le Design n’a pas pour vocation de simplement « faire du beau ».
Et c’est ce que nous allons voir dans cet article…
Avec l’expérience, nous avons constaté qu’un pan entier de la conception d’applications SCADA est très souvent oubliée. Il s’agit du volet ergonomique des interfaces utilisateurs : de la conception des vues, à l’enchainement des synoptiques en passant par le rendu graphique de l’ensemble (User Experience – UX). Oui le Design, c’est beaucoup de science et un peu de paillettes.
Il était une fois… la genèse du design d’IHM
Remontons donc un peu dans le temps. Au commencement, il n’y avait … presque rien.
Les concepteurs d’IHM (interface homme-machine) utilisaient alors ce que l’on appelait des bibliothèques de contenus (Pattern Librairies) pour industrialiser leurs processus de création. Par exemple, ce qui peut nous apparaitre comme évident aujourd’hui, comme un « menu burger », ne l’a pas toujours été. La somme de l’expérience acquise par les précurseurs a constitué des guides et des normes afin de partager et faire vivre ce savoir. Il suffit simplement de regarder les évolutions de vos outils grand public (Youtube, smartphone, web en général), pour comprendre la mutation graphique des interfaces utilisateurs.
Le fruit de la mise en commun du savoir au fil des années a donné naissance à tout une gamme de métiers spécialisés dans le Design UX/UI comme par exemple les designers d’interface utilisateur. Cette dynamique commence à générer des écarts importants entre l’expérience utilisateur (UX) « Grand Public » et l’expérience utilisateur « Métiers » des professionnels. Cela se fait déjà pleinement ressentir auprès des utilisateurs de supervision. D’où l’importance aujourd’hui de faire appel à des outils modernes capables de proposer des fonctionnalités graphiques avancées pour la mise en œuvre d’interfaces intuitives et pleinement adaptées aux utilisateurs finaux.
Mais pourquoi le design est-il important ?
On pourrait argumenter, à juste titre, que la gestion du sarcophage de Tchernobyl n’a pas les mêmes enjeux que l’augmentation du watchtime sur YouTube. Cependant, une bonne ergonomie d’IHM comme celle de YouTube permet à un utilisateur de trouver l’information recherchée en un temps record. N’avez-vous jamais fait le constat que vous pouviez également passer un temps considérable devant une telle application sans ressentir aucune fatigue ou frustration ?
En appliquant les bonnes pratiques de ces plateformes digitales grands public aux solutions SCADA, on peut considérablement améliorer le confort d’utilisation d’un opérateur et ainsi améliorer son efficacité. Une représentation cohérente de l’information et son accessibilité sont des enjeux cruciaux afin d’éviter des pannes et des catastrophes couteuses en biens matériels et dans certains cas en vies humaines.
Un terrain également délaissé est celui de « l’accessibilité ». On dit d’un design qu’il est « accessible » lorsqu’il prend en compte les divers handicaps qui peuvent entraver l’utilisation d’une IHM. L’exemple le plus répandu est celui du daltonisme qui peut provoquer une mauvaise lecture d’une information cruciale. Un autre facteur à prendre en compte est l’environnement dans lequel un opérateur exerce son travail. Effectuer une maintenance sous terre sans réseau ou surveiller ses écrans sur une longue durée sans sommeil sont autant de situations handicapantes (fatigue, stress, applications hors ligne…).
Ergonomie, interfaces intuitives, confort de l’opérateur ou encore l’accessibilité sont des ingrédients qui vont constituer les IHM du Futur.
Qu’en est-il du design dans les IHM de supervision ?
Il existe plusieurs recommandations et ouvrages qui se sont penché sur le sujet. Le plus connu est celui du Consortium ASM (en particuliers Bill HOLLIFIELD) mise en œuvre notamment dans le secteur d’activité du Oil & Gas. On peut également aller voir du côté des travaux de Doug Rothenberg pour l’International Society of Automation (ISA) qui nous parle de la gestion de situation à risque dans les processus de contrôle industriel. Dès les premières pages, on remarque des approches très différentes entre les guides en fonction de leur cœur de métier.
Dès lors comment capitaliser sur ces approches du Design UX/UI ultraspécialisées pour en extraire des grands principes pouvant s’appliquer au plus grand nombre ? Exploitant, technicien de maintenance, ingénieur qualité, opérateur pied de machine, responsable de ligne de production… Tous ces acteurs doivent pouvoir travailler dans les meilleures conditions possibles et se concentrer sur leurs métiers.
Leurs interfaces graphiques (IHM) doivent donc être parfaitement adaptées à leurs besoins propres. Ce qui nécessite ergonomie et précision pour tenir compte de leur contraintes quotidiennes (physiques, mentales, environnementales). Le but est de réduire les erreurs sans oublier d’améliorer la productivité et le confort de l’opérateur.
Un outil comme le Système Design est la pierre angulaire de cette démarche afin de réaliser des interfaces Ux / Ui ergonomiques.
Mais ce sujet sera traité dans le prochain épisode…
Conclusion
A la manière de Johnny Utah, la vague du Design est à chevaucher rapidement. Les acteurs du Digital grand public s’en sont saisi dès les premiers instants et ont su capitaliser dessus. Les acteurs d’industrie et des métiers du numériques B2B ne doivent pas passer à côté s’ils veulent prospérer dans l’ère du tout Digital.